Plusieurs spectacles de la programmation 2025 se focalisent sur l’expérience personnelle, la mise à nu et l’exploration du sensible. Ce travail viscéral soulève plusieurs questions. Que signifie exposer l’intime dans un cadre artistique ? Quelle place y prennent le corps, le langage, le silence ? Quelle part de fiction, de vérité ? Et quelles sont les lignes que l’on choisit – ou non – de franchir ?

Charles Voyer et JJ Houle, de la compagnie Le Théâtre Indépendant, s’exprimeront sur la création de la pièce Le Gardien des enfants, dans laquelle tous deux posent un regard sur l’inexprimable chaos de l’intimité, sur la violence qui frappe les corps et les esprits de celles et ceux qui la subissent. Ludovico Paladini détaillera le processus de construction de sa performance, LovPoem, une danse des souvenirs qui explore le vide laissé par un amour perdu. Jeanne Spaeter racontera la genèse de son spectacle Amour sous contrat, dans lequel elle interroge la relation amoureuse et les règles qui la codifient. Céline Nidegger, collaboratrice artistique sur Les Corps incorruptibles d’Aurélia Lüscher, décrira ce que suscite la création d’une pièce autour d’un sujet aussi intime que la mort – pièce qui s’intéresse au tabou du traitement des cadavres dans notre société.

Cette conversation sera modérée par Constant Spina, essayiste, journaliste et fondateur du média Manifesto XXI en 2014. Depuis 2019, ses recherches portent sur la montée des extrêmes droites en Occident et les nouveaux romantismes queers. En 2020, iel publie une tribune dans la revue Censored appelant à l’avènement d’une révolution romantique queer capable de placer le soin au centre des luttes sociales. Son premier essai est le fruit de ces réflexions : dans Manifeste pour une démocratie déviante – Amours queers face au fascisme (éditions trouble, 2023), iel propose une analyse historique du fascisme et des pistes philosophiques pour imaginer une résistance par les pratiques queers de la tendresse radicale.